Personal reflection from a client on shibari and her experience at Tension

Réflexion personnelle d'une cliente sur le shibari et son expérience à Tension

Le shibari, cet art ancestral japonais de ligotage érotique, dépasse de loin le simple geste de nouer. Il est une langue, un dialogue silencieux entre les corps, les souffles, les résistances. Là où certains ne voient que cordes et contraintes, d’autres découvrent un chemin initiatique : celui du paradoxe entre abandon et pouvoir, entre douleur et plaisir, entre maîtrise et lâcher-prise.

Dans le shibari, la douleur n’est pas une fin, mais une passerelle. Une manière d’ouvrir les portes intérieures que l’on garde trop souvent closes. Elle vient flirter avec les limites du corps, titiller l’ego, déshabiller les certitudes. Et plus on entre dans la sensation, plus elle devient malléable, presque belle. Le corps ne fuit plus la douleur : il l’apprivoise. Il l’accueille comme une onde qui relie le dedans au dehors. Comme un combat, mais sans adversaire.

Il y a quelque chose de profondément martial dans cet art. Le même respect du rythme, du souffle, de la présence à l’instant. Le même dialogue entre tension et détente, entre l’envie de se défendre et la décision de se livrer. Le shibari apprend à se rendre sans se soumettre, à céder sans disparaître. On y trouve, comme dans le combat, un espace pour explorer l’instinct brut… mais aussi l’élégance du contrôle.

Et puis, il y a cette part de masochisme. Non pas comme une perversion honteuse, mais comme un raffinement du rapport à la sensation. Une capacité à sublimer la douleur pour qu’elle devienne beauté. Une jouissance d’être là, pleinement, dans sa peau, dans sa chair, dans son animalité, tout en demeurant digne, tenue, verticale, même suspendue.

Le shibari enseigne cela : que parfois, le plus grand pouvoir réside dans l’abandon. Que la maîtrise véritable ne consiste pas à tout contrôler, mais à danser avec ce qui nous dépasse. Il transforme la douleur en langage, le corps en paysage, la corde en pinceau. Et dans cette suspension entre deux états, entre le combat et la paix, entre l’attente et le frisson, se dessine une forme rare de liberté.

 

Pourquoi Tension ?

À Montréal, le shibari s’émancipe peu à peu des clichés BDSM pour devenir un véritable art du lien, intime, poétique, parfois thérapeutique. C’est dans cette mouvance que Tension s’inscrit, en cultivant une approche sensible et accessible de la corde. Un espace unique, où l’esthétique rencontre l’éthique, et où la communauté veille à maintenir un environnement profondément safe, inclusif et respectueux.

Ma première visite à Tension a été marquante. Dès l’entrée, j’ai senti quelque chose de différent. Une atmosphère à la fois feutrée et vibrante, un équilibre subtil entre mystère et accueil. Ce soir-là, c’était une soirée mensuelle de performance, des démonstrations de shibari entrecoupées de moments d’échange, de regards complices, de silences habités. Rien de voyeuriste. Juste du vivant. De l’humain. Du lien.

Curieuse et touchée, j’ai choisi de suivre un cours d’initiation. Mon professeur, Will, a immédiatement posé le cadre : sécurité, consentement, communication. Pas comme une formalité, mais comme une fondation. Sa maîtrise du geste, sa précision calme, m’ont donné la confiance nécessaire pour me laisser attacher par lui. Ce n’était pas anodin. C’était une décision consciente, une offrande du corps, un pacte de confiance.

Pendant cette séance, quelque chose s’est libéré. Comme si mes tensions musculaires, mais aussi mes résistances plus profondes, s’étaient dissoutes au rythme des cordes. Le lâcher-prise est venu sans lutte. Et après… un calme inattendu. Un sentiment de clarté, de réouverture au monde. Un bien-être si profond qu’il s’est gravé dans mon sourire pendant plusieurs jours.

À Tension, on ne vient pas pour être vu. On vient pour se voir soi. Pour redéfinir son rapport au corps, au contact, à l’abandon. Pour vivre le shibari non pas comme une mise en scène, mais comme un art du vivant. Un art de la présence.

                                                                                                SDJ
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